Toute première critique de CRITIC (Et oui! Il fallait bien la faire une fois. C’est fait!) signée Syl Alba de ALBACORE :
Eh bien, mes aïeux (tu la sens pointer la chronique nostalgico-passéiste ?), voilà un disque qui est attendu de pied ferme depuis pas mal de temps, et par pas mal de monde. Et oh putain, que cette attente est largement récompensée ! Comprenant deux anciens Byatis (Vince, le marteleur souriant, et Philippe « Phildar », guitariste et growleur, les deux étant crédités pour les compos de cet EP), Critic a longtemps constitué une ombre, une rumeur, une menace pour la tranquillité des Boulonnais sans que l’on sache quand il s’apprêtait à frapper. Ça y est, le couperet est tombé, couvrez les yeux des enfants.
On comprend facilement pourquoi cette nouvelle entité destructrice a pris son temps. Quelques secondes d' »Iconoclastes » (« Éveil » étant une intro) suffisent pour constater à quel point les géniteurs de ce monstre issu de la Côte d’Opale sont perfectionnistes dans leur art de mort. Leurs premiers pas sont comparables à ceux d’une créature hybride, génétiquement modifiée pour permettre à son maître de conquérir le monde : implacables, sans pitié, sanguinaires. Le résultat est proprement dévastateur ; « proprement » dans les deux sens du terme. Il faut au moins descendre d’une génération de chirurgiens pour s’appliquer à ce point dans l’exécution de riffs dont la virtuosité n’a d’égale que la capacité à tout annihiler en quelques secondes. Cryptopsy, sors de ce corps ! Pardon ? S’il te plaît, oui.
Pauv’ fûts, comme on dit chez nous ! Vince se mue en vrai tortionnaire pour tirer des rythmiques inhumaines de son kit, aidé par le travail impeccable de Erwin (basse), tandis que les lignes de gratte de Philippe et Nicolas s’avèrent tour à tour ultra-vicieuses, archi-précises et absolument majestueuses. Bouchers ? Orfèvres ? On ne sait plus trop. De toute façon, cela va bien trop vite pour que l’on puisse se mettre à réfléchir posément autour d’un petit café ; d’ailleurs, une seule marque de café pourrait faire honneur au brutal death supersonique des Nordistes : Enormissimo ! Contrairement à ce que le début de la review pouvait suggérer, ces derniers sont loin d’être bloqués dans les décennies précédentes. Leur type de metal extrême a certes connu son avènement au cours des nineties (lorsque par exemple on découvrait avec un mélange d’admiration et d’effroi les odieux méfaits des Canadiens précédemment cités, les Blasphemy Made Flesh, None So Vile et autre Whisper Supremacy, dont le « Faceless Unknown » m’a, comme pour beaucoup, renversé et converti à leur cause en 1998), mais le son surpuissant, la mise en place sans faille et les thèmes abordés (intégrisme, cupidité, soi-disant-progrès, tyrannie, misanthropie, etc) font de Eveil De L’Esprit un disque tout aussi pertinent en 2019 qu’il aurait pu l’être il y a vingt-cinq ans. Le style, de toute façon, est intemporel ; à partir du moment où les compos sont aussi travaillées, le reste devient futile. C’est l’apanage des choses vraiment intéressantes : le temps n’a pas de prise sur elles.…
Syl ALBA
La version complète de la chronique sur Albacore.